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Saturday, March 23, 2019

Préparer un avenir meilleur

Les personnes qui ont un faible niveau d’éducation et d’alphabétisation ont du mal à se faire entendre. C’est particulièrement vrai pour les communautés autochtones. Leurs connaissances ancestrales et leurs droits sont souvent ignorés par les gouvernements, les sociétés d’exploitation de minerais et d’autres qui souhaitent exploiter leurs terres. Toutefois, cette situation n’est pas inéluctable. En collaborant avec des partenaires locaux, le CTA a contribué à faire d’eux des pionniers dans un processus – baptisé Modélisation participative en 3D – qui aide les communautés locales à documenter les régions dans lesquelles elles vivent, mais également à influencer la façon dont les décisions sont prises concernant l’utilisation et l’occupation des sols.

 «Traditionnellement, les cartes étaient réalisées par les gouvernements, qui contrôlaient également les données», explique Giacomo Rambaldi du CTA. «Mais un énorme changement a eu lieu récemment, à mesure que les groupes de la société civile ont acquis la capacité de réaliser leurs propres cartes et vidéos.» Ils ont bénéficié de l’accès à Google Earth et YouTube ainsi qu’à la modélisation participative en 3D, qui leur ont permis de créer des cartes exactes et géo-référencées.

Le premier exercice de modélisation soutenu par le CTA dans le Pacifique a eu lieu aux Fidji, en 2005. Cet événement de 11 jours à Lavuka s’est concentré sur l’île d’Ovalau, où les communautés locales souffraient d’une surexploitation de leurs zones de pêche, en particulier par des flottes étrangères. Au cours des trois premiers jours, trente étudiants de l’enseignement supérieur et six enseignants ont créé un modèle en 3D de l’île avec l’aide de quinze animateurs et stagiaires. Quatre-vingt-dix hommes et femmes de 26 villages ont ensuite «peuplé » le modèle de montagnes, de routes, de rivières, de zones de pêches, de terres agricoles, de sites culturels et d’autres caractéristiques. Lorsqu’ils ont eu terminé, le modèle comptait 79 caractéristiques et 83 lieux revêtant une importance culturelle.

Le modèle a ensuite servi de base pour un plan de gestion à l’échelle de l’île et trois plans de gestion de districts. Le processus a identifié seize zones «taboues » dans lesquelles une protection complète de la faune marine est à présent assurée. Les autochtones ont également commencé à dégager des parcours cérémonieux qui avaient été envahis par la végétation. En trois années de recherche, le Musée des Fidji n’avait réussi à identifier que vingt lieux revêtant une importance culturelle – soit un quart du nombre de lieux identifiés par les villageois pendant le processus de modélisation.

À bien des égards, le processus est aussi important que le résultat obtenu. «Il aide les gens à visualiser et à localiser leurs connaissances spatiales, ce qui est très motivant », explique Giacomo Rambaldi. « Et, bien sûr, il leur permet de défendre leur cause de façon plus persuasive. » Dans le passé, les communautés autochtones pouvaient produire des croquis cartographiques en faisant valoir des revendications pour leurs terres, mais les décideurs n’en tenaient guère compte. Les modèles en 3D fournissant des détails complexes sur les caractéristiques du paysage sont beaucoup plus difficiles à ignorer.

À travers le Pacifique

Kenn Mondiai, qui dirige l’ONG «Partners with Melanesians », basée en Papouasie-Nouvelle-Guinée, fait partie des qui bénéficiaires d’une formation aux Fidji. Depuis lors, il a joué un rôle important dans la promotion de la modélisation participative en 3D à travers le Pacifique. Avec le soutien de la Banque mondiale, il a aidé les communautés locales du Plateau de Managalas en Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui abrite 150 clans, à créer un modèle en 3D de leurs terres ancestrales. Ce modèle a servi comme élément de preuve pour promouvoir la Zone patrimoniale de Managalas (Managalas Conservation Area), dont la reconnaissance officielle est prévue au moment de la mise sous presse.


Mapping Land, Sea and Culture: an Award-winning Participatory 3D Modelling Process in Fiji from CTA on Vimeo.

En 2011, l’organisation de protection de l’environnement The Nature Conservancy a engagé Kenn Mondiai afin de diriger des formations dans les îles Salomon. Les exercices de modélisation dans le village côtier de Boe Boe se sont concentrés sur le changement climatique et ses répercussions possibles. Le modèle présentait l’étendue du dernier tsunami en 2007 et le niveau des récentes marées hautes qui avaient inondé certaines parties du village. La communauté a ensuite utilisé le modèle pour discuter de l’impact potentiel de la hausse du niveau des mers et d’autres événements liés au climat.

« Le modèle a montré à la jeune génération que nous devions réfléchir au changement climatique », a fait remarquer Winifred Piatamama après l’exercice. «Il est important de prendre conscience que, dans quelques années, le niveau de la mer ne sera pas le même qu’aujourd’hui. » Après avoir débattu, les villageois ont décidé qu’au lieu de construire le long de la côte, comme ils l’avaient fait jusqu’à présent, ils se tourneraient vers les terres plus élevées, à l’écart de la mer. En résumé, le modèle les a aidés à concevoir des plans qui les aideront à s’adapter au changement climatique.

Selon Winifred Piatamama, le processus de modélisation a été particulièrement important pour les femmes de la communauté. « Au début, c’était un peu difficile pour les femmes, parce qu’elles n’expriment pas leurs préoccupations, elles sont généralement silencieuses », a-t-elle déclaré. Toutefois, le processus de modélisation les a encouragées à faire part de leurs points de vue plus ouvertement. « Lorsque tous contribuent au modèle, ils partagent fierté et propriété », explique Gabriel Kulwaum, de l’organisation TNC (The Nature Conservancy) dans un petit film sur l’exercice de Boe Boe. « Ce n’est pas TNC ou le gouvernement qui en a la propriété. » C’est la communauté.

Formation aux Caraïbes

Le CTA était très désireux d’encourager une modélisation participative en 3D dans les Caraïbes, mais était obligé d’importer l’expertise d’ailleurs. En octobre 2012, le premier exercice de modélisation a eu lieu à Tobago, sous l’égide de l’Institut des ressources naturelles des Caraïbes (Caribbean Natural Resources Institute, Canari) et animé par Kenn Mondiai. Cela a donné lieu à des ateliers de suivi de modélisation sur l’île de l’Union et à la Grenade.

Sous La Surface ~ Cartographie de l'île d'Union ~ un exercice MP3D en 2013 from CTA on Vimeo.

Local voices in climate change adaptation - Union Island, Caribbean - Trailer from CTA on Vimeo.

Pour Gillian Stanislaus, du ministère des Ressources naturelles et de l’environnement de Trinidad-et-Tobago, le modèle en 3D de Tobago aidera les autorités à gérer plus efficacement les futurs développements. « Grâce au processus de modélisation, nous avons une connaissance bien plus approfondie de la façon dont les terres sont utilisées et de leur importance pour les habitants », affirme-t-elle.

Terrence Phillips a participé à l’un des ateliers de modélisation – qui portait sur l’adaptation au changement climatique – en tant que représentant du Mécanisme régional des pêches des Caraïbes. Il a été impressionné. « Je pense qu’il s’agit d’un outil très utile », confie-t-il. « Les communautés étaient en mesure de décrire ce qui était arrivé à leurs ressources maritimes dans le passé et l’état des ressources à l’heure actuelle. » La modélisation les a encouragées à prendre en considération l’impact éventuel de la hausse du niveau des mers et du changement climatique et à concevoir des stratégies d’adaptation. L’exercice de modélisation a contribué à l’instauration d’un dialogue constructif entre le gouvernement et la communauté locale, garantissant leur collaboration efficace à l’avenir.

La première en Afrique

L’organisation du premier exercice participatif de cartographie en 3D en Afrique a pris 10 mois. Cet exercice, qui s’est tenu dans le village de Nessuit, dans le comté de Nakuru au Kenya, était géré par Systèmes de cartographie et d’information en recherche environnementale en Afrique (Environmental Research Mapping and Information Systems in Africa, ERMIS-Africa), avec le soutien financier et technique du CTA. Pendant 11 jours, en août 2006, quelque 120 hommes et femmes appartenant à 21 clans Ogiek ont construit un modèle en 3D du complexe oriental de la forêt de Mau.


The Voice of the Ogiek from CTA on Vimeo.

La forêt de Mau a souffert pendant des décennies de l’exploitation commerciale et de l’envahissement par des cultures. Ces activités ont détruit une grande partie du paysage ainsi que bon nombre de sites culturels ogiek et, pendant quelques années, les Ogiek ont tenté de faire valoir en justice leurs droits sur ces terres. « Les procédures juridiques traînaient en longueur, sans aucune solution véritable », déplore Julius Muchemi, directeur d’ERMIS-Africa. « Ce dont les Ogiek avaient besoin, c’était de preuves concrètes venant soutenir leurs revendications ; et l’exercice de modélisation les a aidés à fournir ces preuves. »

Les preuves ont été suffisamment persuasives pour convaincre le gouvernement du droit des Ogiek sur les terres et de la nécessité de protéger la région de nouvelles dégradations. Lorsqu’un processus de préservation a été lancé en 2007, tous ceux qui occupaient la forêt en dehors des Ogiek ont été expulsés. Depuis lors, ERMIS-Africa et ses partenaires ont produit l’Atlas des territoires ancestraux des peuples Ogiek (Ogiek Peoples Ancestral Territories Atlas). Cet atlas présente la description la plus détaillée à ce jour de la culture Ogiek et de leurs liens avec la terre.

Parmi les organisations qui ont soutenu l’exercice de cartographie, citons le Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique (Indigenous Peoples of Africa Coordinating Committee, Ipac). Selon son directeur, Nigel Crawhall, il s’agit d’un événement majeur dans la vie de l’IPacC. L’exercice de cartographie et le soutien apporté par le CTA à l’organisation ont mené à une série de développements importants pour le peuple autochtone, et notamment à l’engagement de l’IPacC à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et le lancement d’un programme de formation multinational sur l’atténuation et l’adaptation au changement climatique.

Dans une synthèse écrite concernant l’impact du CTA, le Dr Crawhall a expliqué : « D’un point de vue professionnel, les relations avec le CTA ont apporté d’importants changements, de nouveaux outils et opportunités [...] L’exposition et le partenariat avec le CTA ont transformé le travail, les pratiques et les connaissances du seul réseau régional des peuples autochtones d’Afrique, exercé une incidence sur la vie des personnes dans plus d’une douzaine de pays et créé de nouvelles opportunités de carrière et de sensibilisation pour les leaders autochtones et m’ont ouvert de nouveaux horizons sur le plan professionnel. »

Depuis l’exercice de cartographie de la forêt de Mau, le CTA a soutenu des initiatives similaires en Éthiopie, au Gabon, au Tchad et en Ouganda. Soutenus par un manuel électronique publié en anglais, en français, en espagnol, en portugais et en amharique, ainsi que par une communauté en ligne dynamique, des exercices de modélisation ont également eu lieu dans d’autres parties du Kenya, au Ghana, au Maroc et en République démocratique du Congo et de nombreux autres pays, comme indiqué sur la carte ci-dessous.

Saturday, March 25, 2017

La MP3D, un outil puissant pour le développement des associations au Madagascar

Interview avec Rajoelisolo Kotondrajaona, Secrétaire Général du BIMTT à Madagascar -  par Andriatiana Mamy


Rajoelisolo Kotondrajaona, Secrétaire Général du BIMTT ou Bureau de Liaison des Institutions de Formation en milieu Rural à Madagascar, n’a pas hésité un instant à adopter la maquette participative, faisant figure selon lui d’un puissant outil à clé multiple pour le développement de son Association après avoir assisté à l’exercice de modélisation participative en 3D (MP3D) mené par une équipe de CTA à Madagascar.

Vous n'avez pas hésité à approprier la maquette, c'est quoi au juste selon vous un outil à clé multiple ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Effectivement, nous n'avons pas hésité à l'adopter le processus. Au départ, ce n'était qu'une simple curiosité, que c'était nouveau et que notre organisation ait entretenu avec le CTA une collaboration de longue date. Mais l'appétit venait en mangeant. En 2015, j'ai participé avec mon équipe à la formation octroyée par le FTA (Farmer Technology Agriculture), une organisation appuyée par le CTA. Un apprentissage sur le processus de la modélisation de la carte 3D à l'occasion de la fabrication d'une maquette villageoise. Au premier abord, la scène m'a fasciné : l'ambiance de travail, mais surtout l'implication des participants. Chacun joue un rôle spécifique : les enfants et les jeunes s'occupent du découpage des cartons, les adultes du tracé et de l'affichage des données factuelles, les anciens du mémoire historique du village. Tout le monde est uni, unifié autour de la carte, dirigé ensemble vers un même objectif : celui de restituer l'histoire, construire et inventorier les détails du village. Une complicité se dessine entre participants : enfant-adulte, technicien-pratiquant, communauté-autorité, contemporain-traditionnel. Du coup, j'avais une assurance au fond de moi que les exercices de modélisation 3D apporteraient à notre association, dont notre premier souci serait d'assurer la synergie des actions et de développer la collaboration entre les membres et le monde extérieur, tout en renforçant la capacité technique et pédagogique de chacun. C'est un outil performant qui sûrement va faciliter notre tâche. Ce n'est pas la maquette en elle qui est la plus importante. C'est l'effet qu'elle déclenche, qu'elle crée, qu'elle entretient : la convivialité, l'élargissement des valeurs et perspectives individuelles, la confirmation de l'identité de la communauté, la découverte partagée de pistes de projet, les décisions...La modélisation 3D est un processus de collecte d'informations, d'analyse de situation, de plaidoyers, de sensibilisation, d'exploration, de capitalisation, de prise de décision, de gestion de terroir, de suivi...Bref : un outil à clé multiple.

Quelle est la mission de votre organisation ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Le BIMTT est une association regroupant plus de 90 organisations rattachées à la Confédération des Eglises de Madagascar (FFKM). Ces organisations peuvent être des institutions de recherche, de développement, des ONGs, des départements techniques agricoles étatiques ou privés, des groupements de paysans. Sa principale mission est d'organiser des échanges et développer les capacités internes à se relier entre ses membres et à se relier avec les autres institutions, de renforcer les capacités techniques et pédagogiques de ses membres pour que ces derniers puissent travailler convenablement dans cette nouvelle perspective sur le terrain afin de favoriser les initiatives et les innovations. On peut dire que BIMTT est un grand réseau présent dans tout le territoire de la Grande île. Il faut noter l'affluence de la Communauté chrétienne pour le développement à Madagascar. Selon la statistique, 70% des centres de formations rurales à Madagascar sont rattachés à l'église. Par ailleurs, ces organisations membres collaborent avec tout paysan sans distinction. Comment les activités s'articulent et se complètent ? Comment organiser les interventions pour que les activités ne se piétinent et que les organisations ne se marchent pas sur les pieds : une question de synergie ! Comment consolider les membres, les rendant autonomes sur le plan organisationnel et économique, les aider à conquérir le marché local puis international ! C'est tout un appui managérial ! Chaque organisme membre a son propre projet et ses propres activités, BIMTT est là pour les accompagner, renforcer leurs capacités, leur collaboration interne et externe.

Qu'est ce que la MP3D peut apporter à votre réseau ? En quoi, renforce-t-elle la synergie de vos activités ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Une des faiblesses actuelles de notre réseau réside dans le fait que les membres travaillent d'une manière isolée, chacun dans son petit coin. Pourtant, les efforts peuvent se conjuguer pour mieux produire tant en qualité qu'en quantité. Vous savez, Madagascar est connu pour être un pays d'échantillon : bon pour quelques exemplaires mais forfait pour des grosses commandes ! Les artisans sculpteurs en sont victimes. Dans d'autres communautés, les projets se bousculent pour une même activité dans un même endroit alors que d'autres à côté sont abandonnées. Nos techniciens craignent d'une résistance des paysans au changement, surtout quand ces intervenants se contredisent ! Là, il y a un appel criant à une coordination, une synergie des activités. Il faut que les acteurs s'échangent les idées. Autour d'une carte 3D, cela est possible. Un début de concertation est maintenant lancé à Ampefy entre acteurs, paysans et autorités en vue de la protection du deuxième plus grand lac de Madagascar l'Itasy, gravement menacé par la dégradation de l'environnement. Par ailleurs, il faut également avouer que certains de nos membres sont frêles et ne disposent d'aucun projet de développement, faute de moyens, d'enthousiasme, d'informations. Les cartes 3D y donnent de réponses. Je me souviens du problème récurent d'eau potable dans le village d'Andranomafana Betafo Antsirabe. C'est au moment de l'exercice de MP3D que surgit la possibilité d'exploitation d'une fontaine, bien placée pour alimenter le village entier. Depuis lors, le débat est lancé, l'enthousiasme est réveillé, les individus sont impliqués. Actuellement, une de nos principales activités est l'appui à l'élaboration des Schémas d'Aménagement Communal (SAC) ou des Plans de Développement Villageois (PAV) des Communautés où nos membres sont actifs. La plupart de nos membres y prennent part et sont très consultés. Ces plans sont indiscutablement un instrument capital pour le développement des communautés, pour espérer recevoir des aides et de financements. Pour y parvenir, nous voulions une communauté responsable, prenant en main leur propre avenir, engagée, informée...Dans cette perspective les maquettes y jouent un rôle prépondérant. Nos techniciens sont familiers aux cartographies participatives 2D, faisant appel aux croquis sur des emballages, mais à comparer avec la maquette, force est de constater que cette dernière a un énorme avantage : précis, concret, accessible à tous ; illettrés ou non, facile à comprendre, participatif, dynamique, et à moindre coût par rapport aux frais des enquêtes nécessaires à la confection des SAC. En effet, la carte 3D s'avère l'outil efficace pour la conception de ces plans de développement communal : l'implication des acteurs villageois est acquise, les échanges et discussions développés, les informations rassemblées, l'histoire du village restituée, les préventions formulées, les grandes orientations et même décisions dessinées. Puis, au cours du temps, les données sont mises à jour, tout un chacun se donne la main pour afficher les nouvelles informations sur la maquette. Bref : un travail rapide, participatif à un prix abordable. Que demande le peuple !

Depuis lors, comment le réseau a-t-il approprié la MP3D ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Après la formation dispensée par le FTA, soutenu par le CTA, les membres du Conseil d'administration du BIMTT sont unanimes à l'idée de vulgariser cet outil auprès des différents membres du réseau. Du coup, nous avons produit un film documentaire sur l'exercice du processus MP3D. Le film a été diffusé sur la chaîne nationale et est disponible sur DVD, distribué à tous les membres. Un engouement pour cet outil est actuellement ressenti, mais nous devons attendre les prochaines années d'exercice avant d'enclencher la mise à l'échelle du processus à l'endroit de tous les membres et de disposer d'un budget y afférent. Pour commencer, BIMTT a fait le choix de cinq localités pilotes pour la production de maquettes. Trois maquettes de villages pour Atalata Vaovao, Mahiatrondro et Ampanasanatongotra au Moyen Ouest dans la région d'Itasy. Une maquette de la Commune d'Andranomafana sur les Hautes terres centrales, à Betafo et une autre dans le village des pêcheurs Sahoragna du littoral Est de la Province de Toamasina.

Quels financements avez-vous prévu pour ces productions ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Outre les appuis pédagogiques et documentaires du CTA, BIMTT n'a reçu aucun financement dans la production de ces maquettes. D'ailleurs, BIMTT n'est pas censé financer la fabrication de maquette. Cela revient à chaque institution membre, selon leurs intérêts. Mais comme j'avais mentionné, l'intérêt des membres est là. Il leur reste le fonds, que j'espère figurer dans leur prochain budget d'investissement. Mais conformément à la mission du BIMTT, qui est celle d'accompagner leurs membres, il lui revient d'aider les institutions membres à trouver les partenaires financiers pour la production de maquette. Pour l'heure, nous essayons de trouver les moyens d'alléger le coût global de construction d'une maquette. En effet, nous avions limité à deux jours le temps de fabrication d'une cartographie 3D (plus les préparatifs), sans pour autant compromettre l'esprit participatif du processus. Par ailleurs, grâce à nos plaidoyers auprès du CTA, nos techniciens ont bénéficié d'une formation sur le logiciel ARCGIS, en vue de produire eux-mêmes des cartes de courbe de niveau, nécessaire dans la fabrication de la maquette. Cette initiative est d'une grande importance dans la mesure où le prix de cette carte coûte presque la moitié du budget global nécessaire à la fabrication d'une maquette : tout frais compris, le coût d'une maquette s'élève à 1,4 millions d'ariary (650 euros), tandis que la carte de courbe de niveau se vend à 800.000 ar (250 euros) au Centre Nationale de la Cartographie (FTM).

Mamy Andriatiana : Quelles sont vos perspectives ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Dans les deux prochaines années, nous comptons former au moins un technicien pour chacune des 91 institutions membres. Dans cette perspective, nous estimons au moins 200 techniciens formés, soit également 200 maquettes fabriquées. L'idée est de lancer la formation des formateurs, chaque participant aura à former par la suite leurs collaborateurs respectifs. Une formation sur le tas, la fabrication de la maquette avec tout son esprit fera l'objet de l'apprentissage. A termes, l'exercice du processus de la modélisation 3D de tout le réseau devrait déboucher sur l'élaboration du SAC ou du PAV au niveau du village des membres engagés. Equipées d'un plan de développement, ces communautés auront à leur portée le développement grâce à la cartographie 3D.

La synergie fait la force : Regrouper les communautés pour mieux les appuyer

Afin de mieux appuyer les paysans malgaches, le regroupement des villageois, des communautés, des associations, des Communes est sollicité conformément aux instructions des partenaires financiers, mais aussi des départements techniques ministériels. En 2014, en vue de promouvoir le développement rural à Madagascar, le Gouvernement a misé sur une politique orientée vers l'économie de marché. Dans cette perspective, diverses dispositions ont été adoptées afin d'améliorer la qualité et la quantité des productions dont notamment, la mise en association des villageois. Plus le regroupement est important mieux ce sera : les groupements en association, les associations en fédération, les fédérations en plateforme et les Communes en intercommunaux. Le regroupement des communautés facilite la coordination des activités et renforce la synergie des actions. Cela constitue une assurance aux partenaires et aux dirigeants du pays en termes de sécurité, d'efficience des projets et des affaires. Aussi, l'organisation des sessions de formation, l'octroi de crédit, le financement, le remboursement, le transfert de compétence, le suivi des activités sont-ils assouplis et harmonieux. Pour les associations de grande envergure, les organismes d'appui se mettent ensemble pour mieux les appuyer. Dans la Région d'Itasy, au Moyen Ouest, La Coopération Suisse par le biais du programme SAHA et la coopération Américaine USAID ont cofinancé la mise en place de l'intercommunalité. Trois Communes se sont groupées en une association dénommée 3A Miroso : la Commune d'Ampefy, d'Analavory et d'Anosibe Ifanja. Une centaine de regroupement d'associations sont répertoriées dans cette Région. A savoir le groupement d'associations villageoises accompagnés par la Direction Régionale de Développement Rural, la FAFAFI de la congrégation luthérienne, le SAF Fjkm de l'église protestante, l'ADDM de l'Eglise Catholique Romaine, le BIMTT... Dans cette perspective, le processus de la maquette joue un rôle à double tranchants : celui d'encourager la solidarité de la communauté mais aussi celle des organismes d'appui, pour une bonne synergie des actions.

Wednesday, March 22, 2017

Pêcheurs malgaches à bout de souffle : la modélisation participative trois-D confirme les acquis et ouvre les horizons

Interview avec Tsiza Ernest, président de l’association des pêcheurs à Sahoragna, Madagascar

Tsiza Ernest, Président de l'Association des pêcheurs, dénommée « La Baleine » composée d'une dizaine de membres, est un pêcheur sexagénaire du littoral-Est de la Grande île du quartier du Sahoragna, de la Commune de Fenerive Est à 500 km de la capitale. Son association est minée par des problèmes qui gangrènent leur métier. Le processus de la modélisation participative en trois dimensions (MP3D) est arrivé à point nommé leur apportant de nouvelles perspectives tout en consolidant leurs acquis.

Qu'est ce qui vous amène à dire que la MP3D est arrivé à temps?

Tsiza Ernest : Effectivement, l'apprentissage de la MP3D était venu comme une bouffée d'oxygène pour la filière, pour l'association et pour ma famille en particulier. Nos problèmes ne datent pas d'aujourd'hui, mais je dois dire que nous avons frôlé la limite de l'acceptable. Comment voulez-vous que j'arrête mes activités au printemps de ma carrière ? Je n'ai plus le choix. Si auparavant, la pêche a nourri convenablement son homme, aujourd'hui faute de productions, nous devons diversifier nos sources de revenus et pratiquer d'autres activités pour joindre les deux bouts. Heureusement au début de l'année 2016, lorsque nous avons participé aux activités d'apprentissage du processus de la modélisation participative en trois dimensions (MP3D) avec l'accompagnement du BIMTT (Bureau de Liaison des Institutions de Formation en milieu Rural à Madagascar) soutenu par le CTA, l'espoir renaît progressivement. Tous les participants s'accordent à dire que nous pouvons faire quelque chose, recoller les morceaux pour éradiquer le mal qui entrave les activités de la pêche. Le processus de la MP3D nous a mis au même pied d'égalité dans la compréhension de la situation. Elle nous a donné une opportunité pour réfléchir ensemble autour de la maquette, échanger les idées et prendre les dispositions adéquates. La participation de tous les représentants des acteurs de la pêche a facilité l'exercice : les pêcheurs, la mairie, la Direction Régionale de la Pêche (DRP), la communauté religieuse Saint Benoît, les autorités traditionnelles...Tous les pêcheurs occupant le large de 30 km du littoral Est ont été représentés. Tout le monde était là.


Quels sont les problèmes rencontrés et les solutions préconisées ?

Tsiza Ernest : La surexploitation résultant d'une pêche illicite. Ces dix dernières années, nos produits de pêche ont chuté considérablement. Aujourd'hui, il nous faut aller de plus en plus loin pour espérer pêcher davantage. Chacun fait ce que bon lui semble. La fermeture de la pêche n'est pas réglementée, la taille minimale de capture ni la capture maximale n'est pas limitée, les matériels utilisés ne respectent aucune norme, les zones d'exploitation ne sont pas délimitées. Bref : Péril en la demeure. En effet, il n'est pas rare de trouver des inconnus, ou mêmes des exploitants chinois qui débarquent avec leurs canots motorisés raflant tout sur leur passage, des individus qui illuminent avec des feux de projecteur les endroits sensibles, tels que zones de ponte ou grandes habitations des crustacés. Les conséquences en sont graves, tel qu'un feu de brousse, puisqu'ils délogent ainsi les occupants de leurs habitats pour mieux les chasser par la suite. C'est tout simplement une manière de voler nos ressources ! D'autres usent des moustiquaires au lieu et place des filets. Aussi ramasse-t-il tout jusqu'aux œufs. Tout cela est au vu et au su des autorités qui ne font rien. Au niveau de l'association, nous avons bénéficié des formations en pêche maritime responsable, nous avons adopté une convention qui nous oblige à respecter le métier. C'est à dire : utiliser des filets conventionnels, abandonner les poissons de petite taille, observer les périodes de ponte...Mais les autres s'en foutent, c'est comme si nous, les légalistes, qui sommes les imbéciles. Dès fois, nous attrapons certains d'entre eux en flagrant délit, mais nous n'y pouvons rien faire. Nous n'avons pas le pouvoir de les arrêter, ni même de les inquiéter. A mon avis, il manque pour l'heure une coordination dans les actions de lutte contre la pêche illicite à Madagascar en général et dans notre circonscription en particulier.

Que peut-il apporter le processus de la MP3D devant cette situation dégradante ?

Tsiza Ernest : Que chacun prenne sa part de responsabilité. De l'instance ministérielle, jusqu'aux petits pêcheurs en passant par la direction régionale de la pêche et la Mairie. Des plaidoyers ont été faits à maintes reprises auprès des autorités compétentes. La loi en vigueur, condamnant la pêche illégale, existe mais reste lettre morte. Les gouvernants ont du mal à rassembler le monde de la pêche autour d'une table. C'est justement, l'opportunité donnée par le processus 3D car elle dispose de ce pouvoir magistral : celui de réunir tous les protagonistes, au même moment, au même endroit, autour de la maquette. Chacun, expose leur préoccupation, formule leur défense, émet leurs idées. C'est tout simplement la carte sur table, le cas de le dire. C'est ainsi que l'idée d'élaborer un « Dina » ou convention interne a été discutée avec le consentement de la mairie et de la Direction Régionale de la Pêche représentés lors de l'apprentissage. Le Dina est une convention établie par les acteurs locaux de la pêche au niveau de la Commune et de la District. Cette convention devait déboucher sur la délimitation de l'espace marine locale ou le quadrillage, l'organisation et la discipline interne, la fermeture de la pêche, la normalisation des matériels et au bout les sanctions. Outre le Dina, l'idée d'immatriculer les pirogues et d'éditer des cartes de pêcheurs a surgi également pendant l'exercice afin d'identifier le vrai de l'ivraie. La Mairie et la DRP ont prévu organiser conjointement un atelier de travail et de validation de tout ce que nous a révélé l'exercice du processus MP3D. Par ailleurs, la mise à jour de la maquette a été fortement recommandée par les acteurs afin d'améliorer le Dina, au fur et à mesure en fonction des réalités existantes mais aussi de l'évolution du climat. Après la validation des textes réglementaires, par le biais du Dina, la Mairie et la DRP entendent également créer une plate forme de tous les acteurs dans la filière pêche dans notre circonscription. Cette structure sera le garant d'une coordination effective des activités de la pêche dans le secteur.

Quel profit pour vous et vos entourages ?

Tsiza Ernest : Pour moi personnellement, cela a tout d'abord confirmé la consistance de mes acquis et de mes vielles connaissances. J'ai été formé sur le tas. Nous avons des compréhensions, notamment sur la structure du corail, les récifs, l'emplacement des zones de ponte des langoustes et des crevettes, l'identification des zones dangereuses, des fonds sableux etc. Ce qui m'a émerveillé c'est que tout cela a été reproduit sur la maquette avec la collaboration active des ainés du village, des techniciens de la pêche et de la communauté entière. Nos connaissances ne nous ont pas trahi, tout cela s'est avéré juste et vrai : un recoupement, une confirmation de nos savoir-faire sur le métier. Maintenant, je suis fier de moi-même, que ce que j'avais fait depuis belle lurette tient débout sur des bases scientifiques ! Quoiqu'il en soit, mes connaissances ont également montré ses limites ? Il me manquait la précision. J'avais une idée approximative sur l'existence de mangroves dans un endroit déterminé, de zones de ponte, mais je ne connais pas le détail. Ni la dimension, ni la profondeur ni la superficie...C'est là l'intérêt de la carte en 3D. Les informations sont toutes affichées sur la maquette : distance, profondeur, dimension, température, datation. Par ailleurs, les expériences de l'exercice MP3D me donnent des idées de tout ce que je peux faire dans le futur. D'abord pour limiter le dégât, stabiliser la situation mais aussi planifier des projets. Ma famille a également profité de l'exercice MP3D. Elle devient un partenaire actif et se sent concernée par les enjeux de la pêche maritime. Ma femme, après avoir découvert la richesse de notre zone côtière, à travers les informations sur la maquette, m'a beaucoup aidé dans les initiatives de plaidoyers que notre association devait faire auprès des autorités communales. Les enfants en tant que fils de pêcheurs, ont maintenant acquis une bonne dose de connaissance sur l'environnement de la pêche dans notre localité. Je vois un transfert direct, facile et rapide de connaissances.



Quelles sont vos perspectives ?

Tsiza Ernest : Plus tard, lorsque tout sera en ordre, je peux lancer mes propres projets pour augmenter la production. Et d'attaquer l'exploitation des produits de haut de gamme, tels que langoustes, huitres, moules...Mais pour y parvenir, beaucoup de chose doit être établie au préalable : formation des exploitants, assainissement de la filière, disponibilité de moyens matériels, cohésion des pêcheurs. Il faut également mettre en œuvre une mesure d'accompagnement au développement des autres activités génératrices de revenus pendant la fermeture de la pêche.

Par ailleurs, nous souhaitons ériger carrément un parc au sein de notre délimitation. Ce sera une zone protégée, exploitée d'une manière responsable et rationnelle pour s'assurer de la durabilité de l'exploitation. Ce parc va servir de référence, une vitrine, pour tous nos voisins afin qu'ils aient une idée sur une pêche saine respectueuse de l'environnement. Dans cette perspective, il est clair que cela passe par une MP3D, une maquette spéciale « Parc » sur laquelle les informations et surtout les réglementations sont affichées. En outre, la mise en place d'une fédération des associations de pêcheurs s'avère importante. Le directeur régional de la pêche en a évoqué durant le processus de la MP3D. C'est d'une importance capitale dans la mesure où les pêcheurs puissent discuter et échanger leurs idées et à termes négocier directement avec les différents partenaires. Je vois la MP3D y jouer un rôle important en mettant à la même longueur d'onde tous les pêcheurs. Je souhaite enfin que les autres villages et Communes voisines disposent également de leurs propres maquettes. Cela évitera beaucoup de conflits et contribuera au développement de la filière, dans la mesure où tous les pêcheurs ont le même niveau d'informations et de connaissances.

Saturday, March 18, 2017

Vision holistique du développement : La modélisation participative en trois-D promeut la synergie des projets villageois

Le manque de synergie de certains projets entrave le développement des communautés dans beaucoup de régions de Madagascar. Au niveau des localités où le processus de la modélisation participative en trois dimensions (MP3D) a été développé, les responsables voient en cette nouvelle technique un atout fédérateur susceptible de favoriser la coordination des actions de développement.

« Trop d'aide ! A l'aide !!», ces trois mots ont fait la Une des grands titres de magazine rural de la Capitale malgache, attirant l'attention des lecteurs mais plus particulièrement des initiateurs de projets de développement. Faute de coordination des interventions, les bénéficiaires appellent à l'aide. Ils ne savent plus à quel saint se vouer, qu'au lieu de s'attendre à un développement harmonieux, ils se voient confronter à de l'anarchisme, de l'empiétement de projets. « S'il y avait eu une moindre réflexion commune entre les partenaires, cela aurait passé beaucoup mieux », soupire un leader paysan d'Anjazafotsy, Commune rurale d'Andranomafana, District de Betafo. En effet, cette carence se présente sous multiples facettes générant des impacts négatifs sur le développement local : chamboulement et désorganisation, réticence au changement, impossibilité de s'investir, difficulté à élaborer un plan d'aménagement...

Le coloriage de la carte 3D dans la commune d'Andranomafana, commune de Betafo Antsirabe



Quand la coordination fait défaut

Au premier abord, le manque de coordination se manifeste par un développement non équilibré. Dans une même localité, certaines communautés manquent de projets, alors que d'autres en sont inondés. La Commune d'Andranomafana en est victime. Ce petit village de 48 km2 se voit disloqué en deux : le Nord et le Sud. Cinq projets ont élu domicile au Nord tandis que le Sud est complètement déserté. « C'est parce que le Sud est loin de la route nationale, les habitants y sont moins instruits », tente d'expliquer une paysanne. « Il n'en est rien !» réplique l'Adjoint au Maire, Solofo Marc Rakotondrafara. « Cela résulte d'un manque de coordination » martèle-t-il. Les intervenants ne se sont pas suffisamment organisés, choisissant à leur guise leurs zones d'intervention et leurs thématiques préférées sans pour autant en discuter avec les autres. « C'est le règne de chacun pour soi, tout pour moi. L'entente entre les intervenants fait défaut » affirme Rajorosoana Razafimahatratra, technicien du BIMTT (Bureau de Liaison des Institutions de Formation en milieu Rural à Madagascar). La situation laisse les paysans perplexes. Dans ce même village, deux projets se profilent pour mettre en œuvre deux activités presque similaires. L'un, un projet d'alimentation en eau potable et l'autre la lutte contre la défécation à l'air libre. De l'avis du chef de village, « ça aurait été mieux, s'ils ont combiné ces deux activités en une seule (eau et assainissement). Comme ça, les bénéficiaires ne seront pas divisés et la mobilisation beaucoup plus facile », suggère-t-il. Le malheur ne vient jamais seul, plus grave lorsque l'organisation est défaillante, la qualité du service en pâtit. Aussi arrive-t-il que les messages véhiculés par ces projets de développement se contredisent. C'est le cas de nombreux paysans qui ne peuvent même plus s'investir. En effet, l'administration les encourage à enregistrer leurs parcelles auprès du bureau foncier local afin d'obtenir un certificat foncier. Mais au grand dam des agriculteurs, l'institution financière ne reconnaît pas ce même certificat et refuse de leur octroyer un crédit. « J'aimerais qu'ils s'entendent entre eux » se plaint le leader paysan, en quête de fonds pour prévoir la récolte prochaine. Tout cela inquiète les techniciens craignant en effet la réticence des paysans aux innovations. Il n'y a pas que les paysans bénéficiaires qui sont affectés, les dirigeants n'en sont pas non plus épargnés. Ils découvrent également leur programme de développement entravé. Le Directeur régional du développement rural de Miarinarivo, Serge Andriamiarinera, éprouve de difficulté à dresser le plan d'aménagement de sa circonscription : « les initiateurs de projets en place ont des visions différentes, parfois même opposées. Il s'avère difficile de monter un projet d'aménagement dans une situation pareille » reconnaît-il.

Bref, ce contexte hostile ne permet pas au responsable d'avoir une vision holistique de la situation et d'élaborer à termes un schéma d'aménagement global de la Région. La situation demeure embarrassante. Les promoteurs se posent la question de savoir « Comment faire en sorte que les projets à mettre en œuvre à Madagascar s'articulent entre eux, se complètent, s'acheminent vers une vision commune, répondant aux attentes des bénéficiaires ?»

Vivement, le processus de la MP3D !

Dans les trois régions de la Grande île où le processus de la MP3D a été développé, des éléments de réponses sont préconisés. Le Secrétaire Général du BIMTT, Rajoelisolo Kotondrajaona voit en la modélisation participative en trois dimensions (MP3D), un capital fédérateur, capable de promouvoir la synergie des actions de développement villageois : « le processus de la (MP3D) peut y jouer un rôle prépondérant, je dirai même sa raison d'être », affirme-t-il. Rajoelisolo reconnait la suprématie du processus en ajoutant : « la MP3D comprend tout ce qu'il faut pour une meilleure synergie des activités, en trois piliers : le dialogue, les informations, la solidarité. » La maquette participative dispose d'un pouvoir, gage de coordination. Celui de favoriser le dialogue entre les différents acteurs, de fournir des informations fiables, factuelles sur le lieu d'intervention et de cultiver l'esprit de solidarité dans la zone d'action.

La maquette encourage le dialogue. A Anjazafotsy, le processus de la MP3D a réuni autour de la carte le Nord et le Sud, deux communautés en conflit où le développement n'est pas harmonieux. Malgré leur mésentente, le dialogue a été établi le long du processus. Le problème sur la répartition de la source en eau potable et le reboisement a été abordé sans difficulté. Les deux voisins commencent à discuter du développement local, quelques projets commencent à s'implanter au Sud. « Le fait que tout le monde soit réuni autour de la maquette suffise pour qu'un participant soulève le problème et le dialogue s'établit, alors qu'auparavant on esquive le point de discorde », raconte l'adjoint au Maire.

La maquette fournit les informations. Le manque d'information compromet les initiatives et rend les acteurs amorphes. Cette situation renvoie les intervenants dos à dos, ce qui limite leur rapprochement au détriment de la coordination des activités. A Mahiatrondro, Commune Rurale d'Ampefy, au Moyen Ouest, les informations affichées sur la carte, concernant l'avancée de l'ensablement, le manque de terrains cultivables et la disponibilité des pépinières ont éveillé les participants du danger imminent qui court sur eux. Du coup, chaque entité a été fixée sur leur tâche respective et la lutte contre la dégradation de l'environnement a été vite déclenchée. La synergie des activités va de soi : la communauté était en charge du reboisement, la Commune s'occupait des espaces à reboiser tandis que l'organisme AGRISUD mettait gratuitement à leur disposition des jeunes plants ! Une coordination presque parfaite.

La maquette entretient la solidarité. Pour s'attendre à un développement harmonieux, les acteurs devraient être solidaires et unis. Dans le même village de Mahiatrondro, la maquette a cultivé l'esprit de solidarité chez la communauté. « Comme si tout le monde est animé d'un seul esprit, celui de se donner la main, d'aller de l'avant ensemble », renchérit le chef du village. Dans cette localité de 3000 âmes, à l'issue de la confection de la maquette 3D du village, les habitants ont tenu différentes réunions en vue de mettre à l'épreuve tout ce que la maquette les a révélés : couloir des voleurs, source d'eau, terres disponibles...L'entraide de la population a fait reculer la recrudescence des Dahalo (bandits de chemin) et le ravage du feu de brousse. Cela a été le fruit du Dina, une charte interne du village élaboré par la communauté, elle-même. Grâce à leur courage et leur acharnement, le Dina a été depuis peu reconnu effectif par le tribunal local.


Une vision holistique du terroir

La MP3D dispose d'une qualité favorisant l'intégration des aspects socioculturels, économiques et environnementaux du milieu. La vue plongeante donnant une vision holistique du terroir crée une perspective commune à laquelle les participants fixent leur regard. Bref : « une synergie qui s'impose tout naturellement » conclut le technicien du BIMTT. A Miarinarivo, le Directeur régional du développement rural, après avoir observé l'intérêt de la maquette encourage sa mise à l'échelle dans toutes les zones de son intervention. « Je suis en train de monter le projet d'aménagement de la Région. Les informations fournies par la maquette, l'ambiance qu'elle entretient, le dialogue qui s'ouvre, feront avancer considérablement le projet » soutient-il. Pour le Directeur, il est important d'avoir une vision globale de la communauté, des terres et des ressources naturelles du milieu afin de développer un plan d'aménagement exhaustif et pertinent : « cela permet de prendre en compte tous les aspects existants. Des projets, où les uns ne marchent pas sur les pieds des autres, où les intervenants ne se tournent pas le dos », assure-t-il. Sur le littoral Est du pays, le Directeur Général de la Pêche, Jean Razafimandimby, encourage la multiplication des maquettes participatives dans d'autres zones car elles fournissent des données marines précieuses utiles pour prendre les décisions informées et coordonner les actions de préservation d'une pêche responsable dans cette zone marine sévèrement menacée. Les acteurs de la pêche marine, à savoir la Direction régionale de la Pêche, la Mairie de Fenerive-Est, les opérateurs, les pêcheurs prévoient un atelier en vue de discuter de la coordination des actions et des mesures à prendre contre la pêche illégale dans la Commune.

Certes, le processus de la cartographie participative en trois dimensions promeut la synergie des actions de développement villageois, toutefois les acteurs préconisent la modélisation d'une zone plus vaste, à l'échelle d'une ou plusieurs Communes afin de s'assurer d'une synergie plus élargie.

Article par Andriatiana Mamy

Développement personnel des femmes : la modélisation participative en trois dimensions apporte sa pierre à l’édifice

Longtemps soumises, passives mais aussi amorphes, les paysannes d'Ampefy et d'Analavory veulent prendre en main leur propre développement. Mais leur volonté de s'émanciper est souvent confrontée à des obstacles. Aujourd'hui, elles sont incontournables dans le développement de la Région. La modélisation participative en trois dimensions (MP3D) y a apporté sa pierre à l'édifice : les autorités administratives et traditionnelles, les partenaires de développement, la communauté... Tous reconnaissent leurs services.




Une chose a attiré l'attention d'une équipe d'agents de développement rural descendue sur terrain pour constater de visu le dégât engendré par l'ensablement des rizières dans le Fokontany (quartier) d'Atalata Vaovao de la Commune d'Ampefy de la Région d'Itasy au Moyen-Ouest de Madagascar. Une dame enceinte, trainant un sac plein de marchandises, a fait plus de 8 km de marche à pied pour rejoindre ce rendez-vous, si important pour elle. L'exploration va durer quelques heures sous le soleil de plomb d'Ampefy. Elle ne s'en plaint pas. « Pourquoi s'en tenir à être là ? Qu'est ce qui l'a poussée à faire ce marathon ?» D'un air déterminé, elle pointe du doigt un mont partiellement dévasté juste en face des visiteurs : « Regardez, ce dégât vient de là ! Cette montagne a ensablé toutes nos rizières » martèle-t-elle, avant de lancer : « Je ne me tais pas tant qu'on ne s'occupe pas de ce monstre !» Elle, c'est Jeannette Raharimalala, membre fondateur du groupement (KF) Tolotra ou Comité local de développement Tolotra, une association d'environ une dizaine de membres créée pour sensibiliser la communauté pour le développement social et économique du quartier. Bien que le Comité local Tolotra soit ouvert aux hommes, deux-tiers des membres sont de sexe féminin. Ces femmes sont si exceptionnelles que le Directeur régional de la FAFAFI, une ONG d'appui au développement des comités de développement n'a pas caché sa stupéfaction, observant leur dynamisme : « Elles sont décomplexées et deviennent de plus en plus courageuses et entreprenantes !», se réjouit-elle. Le Directeur apporte elle-même les premières explications : « leur épanouissement s'est manifesté depuis quelques années mais a fait un grand bond en avant depuis 2015, année de leur intégration dans le processus de MP3D », soutient-elle.


Des paysannes sous l'ombre des hommes

A Atalata Vaovao, comme dans d'autres régions de Madagascar, les paysannes sont placées au second plan sous l'ombre de leurs maris ou de leurs frères. En effet, les hommes travaillent, fréquentent les bureaux, participent aux réunions tandis que les femmes se contentent de s'occuper des enfants au foyer, de servir les hommes, de préparer le repas avant de s'enfermer dans la cuisine. Peu de femmes sont membres de bureau ou leaders d'une organisation. La société rurale malgache regarde d'un mauvais œil une paysanne qui prend parole devant le public. En outre, deux grands soucis pèsent sur leur communauté : le manque de terre conjugué avec le problème foncier, laissé par les colons français dans cette zone volcanique très productive et le problème crucial d'ensablement des rizières. Si depuis peu, ces rizières ensablées devenaient de parcelles pour contenir provisoirement des cultures de légumes de contre saison, aujourd'hui, il n'y reste plus que de fragments de cailloux et de mauvaises herbes. Le président du quartier d'Atalata, Félecitin Rakotoarimalala marque ses inquiétudes : «si rien ne se fait, dans moins de dix ans, 30 ha de rizières disparaitront rien que dans ma circonscription », lâche-t-il. Le malheur ne vient jamais seul. Pire, le Grand lac d'Itasy en aval, principale source de revenus des habitants est en même temps envahi par les alluvions : « il faut aller de plus en plus loin pour pécher des poissons dont la taille devient de moins en moins grande », renchérit le président. Ce contexte conflictuel de la Région d'Itasy a amené les responsables du BIMTT (Bureau de liaison des Institutions de Formation en milieu Rural) à lancer la cartographie 3D dans cette localité. Malgré leurs contraintes, les femmes d'Atalata Vaovao n'ont pas baissé leurs bras. Elles sont les premières venues à répondre à l'appel. Sous la conduite de techniciens du BIMTT, soutenues par le CTA, elles ont participé activement au processus, avec quelques représentants du village, de la mairie d' Ampefy et des organismes de développement. Le processus a stimulé ces dames, déjà avides de développement.

Du développement personnel...

Pendant la fabrication de la maquette, les femmes ont joué un rôle principal. Celui de mobiliser la communauté entière, notamment les jeunes, les enfants et les adultes. « Elles travaillent dans le couloir mais disposent d'une force tranquille, très directive », reconnait Rajorosoana Razafimahatratra technicien du BIMTT. Elles jouent un rôle d'animateur et de rassembleur : « venez ! Mais où est-il passé ? Appelle-les ? Ne vous en rappelez-vous pas ? Vous êtes le seul à en savoir ! etc. », un véritable catalyseur ! Le processus de fabrication de la maquette au niveau des quartiers est comme un travail au foyer : la cuisson, la lessive, le nettoyage des vaisselles, les préparatifs des enfants pour l'école. Et souvent, c'est la mère qui y prend la commande. Dans l'exercice de 3D, les femmes sont beaucoup plus entreprenantes, habiles et pragmatiques dans le soin, l'ordre, la forme, l'esthétique, la mise à jour, l'entretien, les détails de la localisation (sentiers, sources, ruisseau...). La fabrication de la maquette d'Atalata Vaovao a été sous le contrôle du sexe féminin bien que les hommes s'affichent au premier plan. Il n'est pas étonnant qu'elles soient les premiers primées ! « Cela a relevé leur estime de soi, et renforcer leur confiance mutuelle » confirme le technicien du BIMTT. Le fait d'être invitée au processus est d'abord un signe de reconnaissance à leur existence. « Nous sommes invitées, donc nous pouvons en effet faire quelque chose !» s'affirme Aline Andriamampandry, secrétaire du groupement Mahiatrondro. Et de participer au processus de la fabrication de la maquette, c'est également pour elle un signe de reconnaissance à leurs œuvres. Non seulement elles se réjouissent de pouvoir s'exprimer, de donner leurs avis mais surtout d'être écoutées. Lors de la présentation de la maquette auprès des autorités ou des vazaha (hôtes étrangères), elles se défendent bec et ongles comme un étudiant soutenant une mémoire de fin d'Etudes. « Je ne m'imagine pas pouvoir faire tout ça ! » avoue Josephine Rasoanarilalaina Présidente du groupement Miavotra. Dans la culture malgache, le genre d'activité de construction est surtout consacré aux frères d'Adam. Mais aujourd'hui, tout cela est révolu pour ces paysannes, elles sont affranchies et déterminées au point de faire pression, de revendiquer leur droit. Elles sont pour l'heure à l'origine de revendication de plusieurs litiges fonciers à Ampefy. Pour mieux faire passer leurs idées de développement, certaines d'entre elles n'hésitent pas à participer aux différentes élections régionales.

...Au développement social

Le développement personnel des femmes se traduit en développement social et économique de la communauté autour d'elles. Elles et leurs Groupements sont reconnus aussi bien au sein de leur propre communauté qu'auprès de l'extérieur. La communauté les consulte. Les autorités communales s'adressent à eux pour des questions liées au développement local. Elles jouent le rôle d'interface entre le projet de développement et les bénéficiaires. « Nous avons recours à leurs groupements à chaque besoin de sensibilisation locale » confie un responsable de projet en eau potable. Dans la circonscription où les groupements (KF) sont implantés, le développement de la communauté est palpable. Rien que dans le village de Mahiatrondro de la Commune d'Analavory, la discussion enclenchée par la maquette a mis en garde les acteurs du danger engendré par de la dégradation de l'environnement. Les premiers impacts se sont répercutés au niveau de la mentalité des gens. Depuis deux ans, selon le président du quartier Justin Razafindrakoto, le feu de brousse a chuté de moitié, la défécation à l'air libre est éradiquée. La maquette a facilité l'identification des zones à reboiser, une collaboration avec le projet AgriSud fournisseurs de jeunes plants est en cours. 1.000 plants ont été mis sur terre. Le processus MP3D a fait comprendre aux acteurs que les terres disponibles sont de plus en plus rares, les femmes en sont les plus averties et passent à l'action. Du coup, elles ont diversifié leurs activités. Si les unes ont opté pour l'élevage et le gavage de Canard, les autres ont développé les greniers villageois, le guide touristique ou l'artisanat. Au point de vue sécurité, l'auto-défense populaire est mise en place et reconnue par le tribunal régional.


Des expériences qui font tâche d'huile

L'engagement des Comités pour le Développement d'Ampefy et d'Analavory ne s'arrête pas là ! D'une part, leur initiative fait tâche d'huile dans leur propre quartier pour enfanter plusieurs sous comités renforçant davantage le développement de la communauté locale. Neuf groupements (KF) ont vu le jour dans ces localités en moins de deux années. Convaincu de l'efficience de ces groupements, le chef de quartier a décidé de les intégrer dans la structure formelle de sa circonscription. Du fait de leur dynamisme, la mairie entend promulguer un arrêté communal nommant les paysans et paysannes membres des KF : Agents de Développement Villageois (ADV). D'autre part, leurs expériences ont franchi la frontière de la Commune et s'étendent dans les Communes voisines du District d'Analavory. Cela a été enclenché après la présentation de la maquette durant la foire régionale du district d'Analavory. Plusieurs autres Villages et Communes du District se proposent actuellement de créer leur propre comité de développement. Pour le Directeur régional de la FAFAFI, le résultat est évident : « le développement personnel des gens une fois acquis demeure à jamais et favorise un développement communautaire durable.» Les Comités pour le Développement sont le foyer de développement local dans toute la Région d'Itasy. « Quand les femmes sont accompagnées, moralement et techniquement, elles sont capables de faire des choses inimaginables » affirme le directeur. Dans le cas de MP3D, au moins un technicien est mis leur disposition tout au long du processus. Kidja Marie Francine, Directeur Général du Ministère de la Population et de la Promotion des Femmes, voit les initiatives très engageantes : « Nous soutenons les actions favorisant l'autonomisation des femmes » promet-elle.

Article écrit par Interview de Mamy Andriatiana pour le CTA


Inégalité de sexe à Madagascar : Les femmes rurales victimes de non droit


A Madagascar, les femmes représentent 50,6% de l'ensemble de la population. Elles sont une véritable force de travail, leurs insertions sur le marché de travail est de 62% contre 68% pour les hommes, notamment dans les activités informelles. En zone rurale, elles sont en activité permanente entre les travaux domestiques, telles que l'entretien du ménage, la préparation des repas, le décorticage du riz, la collecte de l'eau et du bois, les soins de santé des enfants et les activités agricoles. Elles sont à 78 % actives dans le secteur agricole où elle produit plus de la moitié des cultures vivrières. Soit : 16 et 18 heures de travail par jour.

Malgré leurs importantes contributions, elles sont peu estimées, moins valorisées. A la maison, l'homme occupe une position dominante par rapport à celle de la femme. Le DG du ministère de la population déplore : « si les deux époux rentrent à la maison chacun après un dur labeur, la femme n'a pas droit au repos et s'occupe de tout, alors que le mari peut se permettre de lire le journal.» Par ailleurs, elles ne sont pas héritières et n'ont pas accès à la terre. L'exploitation des terres incombe inévitablement à l'homme. L'adage le confirme «que vous soyez intelligente ou ignorante, vous restez une épouse.» Si un divorce arrive, elle risque de partir les mains vides. En plus, elles n'ont pas accès au crédit, car ne disposent d'aucuns biens (terres ou maisons...) pour garantir un éventuel prêt bancaire. Et pourtant la loi en vigueur stipule l'égalité de droit pour tous les individus (homme et femme). Droit de propriété, droit d'hériter, droit d'exploiter, droit de jouir de parts égales (moitié-moitié) au régime matrimonial. A Madagascar, les obstacles à l'égalité effective entre hommes et femmes se situent au niveau de l'application des lois, de fait de la prédominance des coutumes et tabous sociaux sur l'effectivité des droits des femmes mais aussi de l'absence de textes d'application.

Wednesday, September 14, 2016

Participatory 3D model by indigenous community in Nicaragua



This 3D model has been developed with assistance provided by the Centro para la Autonomía y Desarollo de los Pueblos Indígenas (CADPI) by the indigenous community of Miguel Bikan in Nicaragua and has been used for monitoring, reporting and verification. In completing and using the model, the community has a community-based monitoring information system.

www.p3dm.org


Friday, September 02, 2016

Des cartes qui changent tout : comment des maquettes en 3D aident les communautés rurales à faire entendre leur voix

La construction de véritables maquettes en trois dimensions dans les villages contribue à réunir le savoir traditionnel et les connaissances scientifiques modernes pour relever des défis allant de la dégradation des sols à la planification de l’utilisation des terres, en passant par la gestion des forêts et le changement climatique. La technique, connue sous le nom de «modélisation participative en trois dimensions», permet aux communautés marginalisées de présenter leur territoire – ainsi que les connaissances approfondies qu’ils en ont – sous une forme visuelle. Ce processus leur offre ainsi l’occasion de protéger de précieuses ressources naturelles des menaces extérieures et de les préserver pour les générations futures. Certaines des expériences sur le terrain sont réunies dans un nouvel ouvrage. Le pouvoir des cartes - Quand la 3D s'invite à la table des négociations est publié par le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), qui est en première ligne de la promotion de cette pratique dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).

Développée au début des années 1990 en Asie du Sud-Est, la modélisation participative en trois dimensions (MP3D) gagne rapidement du terrain dans d’autres régions du monde en développement. Les modèles participatifs en 3D, fabriqués en carton et illustrés à l’aide de peintures de couleur, de punaises et de fil, représentent l’occupation des terres, par exemple les zones cultivées, les rivières et les forêts, ainsi que d’autres caractéristiques, comme les ressources côtières et la profondeur des mers. Les maquettes montrent aussi les connaissances traditionnelles, comme les droits fonciers ancestraux et les lieux sacrés. Ces éléments sont généralement fournis par les aînés de la communauté, tandis que les plus jeunes construisent la carte elle-même. Le résultat est une maquette en relief, indépendante, qui constitue un outil efficace d’analyse, de prise de décision, de plaidoyer, d’action et de suivi.

« Le savoir sur les ressources terrestres, forestières et aquatiques accumulé au fil du temps et transmis de génération en génération représente un atout majeur pour les populations rurales », affirme le Directeur du CTA, Michael Hailu. « La possibilité de compiler et de géo référencer des connaissances locales et de les représenter sous la forme de cartes en trois dimensions représente une occasion unique pour les populations locales de faire entendre leur voix lors des décisions en matière de gestion durable de leurs ressources. »

Souvent, le processus de modélisation participative en trois dimensions favorise lui-même l’autonomie. Il rapproche des communautés et des générations et les aide à visualiser l’étendue de leurs ressources et la façon dont le changement climatique et d’autres menaces, comme l’extraction minière et la déforestation, peuvent les impacter. Une fois terminée, la maquette reste dans la communauté.

Des études de cas menées en Éthiopie, aux Fidji et à Madagascar montrent comment la MP3D a permis le développement de plans de gestion des ressources naturelles par la communauté. D’autres exemples décrits dans la publication révèlent que cette technique permet aux communautés rurales marginalisées de faire entendre leur voix. En République démocratique du Congo, la communauté pygmée Bambuti-Batwa s’est servie d’un exercice de MP3D pour négocier sur ce qu’ils considèrent comme une injustice : leur expulsion du territoire qu’ils occupent depuis des générations.

La cartographie en trois dimensions a aussi permis à une tribu de chasseurs-cueilleurs au Kenya, les Ogiek, de documenter ses droits territoriaux ancestraux et systèmes de connaissances traditionnels. Tandis qu’à Tobago, une île des Caraïbes qui a subi une série de phénomènes climatologiques extrêmes ces dernières années, la MP3D a servi à orienter les stratégies communautaires de réduction des risques de catastrophes naturelles.

La coopération Sud-Sud contribue à faire connaître la pratique de la modélisation participative en trois dimensions et le CTA est étroitement impliqué dans les efforts de partage des activités de formation et de facilitation entre les îles des Caraïbes et du Pacifique et une série de pays africains.

La MP3D peut avoir d’autres retombées positives, notamment en offrant de nouvelles compétences et une confiance en soi accrue aux individus impliqués dans le processus et en dégageant des financements pour la mise en œuvre d’activités dans les communautés. Citons la Grenade à titre d’exemple où une maquette participative en 3D a eu un impact direct sur la communauté qui l’a créée en mobilisant des financements des bailleurs de fonds pour l'adaptation au changement climatique sur une partie du littoral gravement endommagée par un ouragan.


« La modélisation participative en 3D, le processus au cœur de cette publication, s’est révélée efficace pour récolter chez diverses personnes une quantité substantielle de ce que l’on qualifie de connaissances tacites et pour assembler des points de vue individuels dans une représentation partagée, visible et tangible des connaissances collégiales », déclare Giacomo Rambaldi, Coordonnateur de Programme Sénior, en charge de la participation du CTA aux processus de MP3D. «L’ajout d’un emplacement géographique à toute information ou donnée accroît sa pertinence. La MP3D permet donc à ceux qui détiennent les connaissances de visualiser et de géo référencer leur savoir traditionnel et de nouer un dialogue d’égal à égal avec des étrangers. »

Vous pouvez commander un exemplaire imprimé et télécharger le livre.

Thursday, March 24, 2016

Être sur une carte veut dire exister : l'expérience des Saramaca

Les communautés Saramaca du Suriname cherchent la reconnaissance de leur savoir traditionnel par le gouvernement

Le 23 février 2016, 18 représentants de la communauté Saramaca issus des régions de Brownsweg et du cours supérieur du fleuve Suriname ont rencontré des décideurs politiques et des acteurs concernés à Paramaribo, la capitale du Suriname. La rencontre a été organisée par les peuples Saramaka afin de partager les résultats d’un processus de deux ans qui a mené à la visualisation et la documentation de leurs connaissances traditionnelles d’une vaste région.

Cartes générées en utilisant des données extraites d’un modèle 3D participatif à échelle 1:15 000 de la zone de Brownsweg (produites en novembre 2015), combinées à un modèle numérique d’élévation obtenu de la Fondation pour la gestion des forêts et le contrôle de la production, au Suriname.
Ont dit qu'une image vaut mille mots. Dans ce sens, les peuvent en effet être un moyen très efficace de transmettre des messages inhérents à la distribution ou accès aux ressources. En fait, le résultat tangible du processus consistait en une série de cartes physiques et numériques générées par la communauté – des cartes dont les délégués Saramaca se montrèrent très fiers.


Les cartes ainsi que les séries de données connexes furent produites en langue Saramaca, en anglais et en néerlandais lors de trois exercices de modélisation participative en trois dimensions (MP3D) organisés en 2014 et 2015. Les exercices impliquèrent 220 habitants, y compris des femmes, des jeunes et des personnes âgées. Un film documentaire sur le processus fut publié en 2015 en langue Saramaca, en anglais et en français.


Lors de la réunion, les leaders Saramaca ont souligné l'unicité des données que les communautés impliquées sont parvenues à rassembler, à géo-référencer et à visualiser en utilisant des technologies sophistiquées comme les systèmes d'information géographique (SIG). En bénéficiant du soutien de l'extérieur, les détenteurs de savoir ont été à même de partager leurs cartes mentales et leurs souvenirs, des apports fondamentaux pour peupler les modèles en 3D vierges.

Les représentants Saramaca ont attiré l'attention sur la pertinence et la précision des données, ainsi que leur accessibilité à de tierces parties à condition d'obtenir le consentement préalable à leur utilisation. « Nous avons créé cette carte pour qu'elle soit utilisée. Nous voulons que d'autres personnes l'utilisent. La seule chose que nous demandons c'est que les données ne soient pas utilisées sans nous impliquer », soulignait l'un des représentants de la communauté.

Les délégués Saramaca ont encouragé l'utilisation des données à des fins de planification spatiale et ont lancé un appel au gouvernement et aux investisseurs du secteur privé pour que ces derniers reconnaissent les Saramaca en tant que parties prenantes principales et, par conséquent, pour qu'ils les impliquent au maximum dans la planification des exploitations forestières et dans la gestion des zones protégées et des concessions aurifères situées dans le territoire Saramaca traditionnel.

Ils ont également préconisé la reproduction de processus de MP3D dans le reste du territoire Saramaca de façon à générer une carte complète des terres Saramaca traditionnelles. Pour ce faire, ils ont exhorté le gouvernement, les organisations de développement, le secteur privé et les ONG présentes à la réunion à lever les fonds nécessaires.

L'événement était organisé par Tropenbos International Suriname, WWF Guyanas et l'Association des autorités Saramaca. Outre Tropenbos International Suriname, les sponsors du projet comprenaient le Programme de microfinancements du Fonds pour l'environnement mondial (UNDP GEF-SGP) et le CTA. Les contributions de ces organisations ont été dûment reconnues. Les participants ont notamment décrit ces contributions comme du terreau fertile pour l'autonomisation de la communauté à travers la MP3D, un processus très novateur selon eux. Les participants ont également signalé que le processus de MP3D a inspiré d'autres communautés qui sont à présent en train de demander le soutien nécessaire à la mise en œuvre de processus de MP3D dans leurs territoires.

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Friday, December 18, 2015

Le pouvoir de la cartographie participative en 3D chez les Saramacas du Suriname (video)



Il y a cinquante ans, quelque 5000 individus du peuple Saramaccan du Suriname ont dû quitter leurs terres traditionnelles, le long de la Rivière Suriname en raison de la construction d'un grand barrage. Les blessures de cette transmigration se font encore sentir aujourd'hui. Pendant ce temps, les Saramaccans qui vivent dans cette région font face à de nouveaux défis, car leurs droits territoriaux ne sont pas encore officiellement reconnus et les infrastructures routières pour accéder à la zone sont en voie d'amélioration. La création d'une maquette participative de la zone qui visualise et documente leurs traditions et l'utilisation traditionnelle des ressources contribue à surmonter leur frustration et leur redonner espoir.

English version: http://goo.gl/hS5nKb
Saamaka version: http://goo.gl/9XC2Jb

Friday, October 10, 2014

Une carte en 3D financée par le CTA aide une tribu à consigner et à articuler son savoir traditionnel

Les Saramaca installés le long du Haut Suriname espèrent qu'un système d'information géographique proposé par Tropenbos International et le CTA leur permettra de surmonter le traumatisme provoqué par la perte de leurs terres historiques voilà cinq décennies, dont les effets se font sentir aujourd'hui encore. Lors de l'édition 2014 de la Semaine caribéenne de l'agriculture, Godfried Adjako, l'un des chefs des Saramaca, a parlé de l'expérience de son peuple à l'occasion d'un séminaire présenté le jeudi par Giacomo Rambaldi du Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE (CTA) et Rudi van Kanten de Tropenbos International, sur le thème de la cartographie participative en 3D (CP3D).

Par le biais de son interprète Debora Linga, Adjako a expliqué que depuis que Tropenbos a encouragé les Saramaca à produire une carte P3D de leur propre territoire, en début d'année, ce peuple dépossédé de ses terres retrouve espoir. Les Saramaca ont été déplacés contre leur gré lorsque le gouvernement du Suriname a lancé la construction du barrage d'Afobaka dans les années 1960 : avec la création du réservoir de Brokopondo, ce sont toutes leurs terres qui ont été inondées, les forçant à déménager de leur forêt équatoriale vers d'autres villages saramaca. Linga explique que ce départ subi « nous affecte quotidiennement... encore aujourd'hui. Les Saramaca ne cessent d'en parler. »

Le projet de carte participative en 3D, promu entre autres par le CTA, a été achevée le mois dernier. Elle repose sur le savoir géographique du peuple indigène. Elle présente clairement tous les points importants : en prenant les ruisseaux et les rivières comme principaux points de repère, elle situe les terres de chasse, les fermes, les routes, les villages, les forêts et d'autres infrastructures des Saramaca. Cette carte ne repose pas sur des données scientifiques, mais sur le savoir local traditionnel.

Van Kanten a expliqué que cette carte a ensuite été « géoréférencée et numérisée pour être utilisée lors des prises de décision. » Il précise que la carte permet d'expliquer aux personnes extérieures comment les Saramaca exploitent la forêt, en donnant des informations qui pourront être utilisées à des fins de développement local, notamment pour raccorder les villages à l'électricité et à l'eau courante, ou pour créer des dispensaires et des écoles. En évoquant l'histoire et les traditions des Saramaca, la carte sert également à transmettre le savoir aux nouvelles générations.

La carte « modélise les conséquences du changement sur les biens et les services de l'écosystème et sur les moyens de subsistance dans la forêt », ajoute-t-il, ce qui peut aider les membres du gouvernement qui prévoient des programmes de développement économique dans la région.

Rambaldi est un pionnier de la cartographie participative en 3D. Après l'avoir fait découvrir au CTA, où il travaille désormais, il l'utilise aujourd'hui dans le monde entier. Rambaldi a expliqué que dans les PEID, la modélisation gagne en popularité dans les stratégies d'adaptation au changement climatique. En plus d'aider à atténuer les risques de catastrophes naturelles, elle permet de mieux gérer et de résoudre les conflits territoriaux. Enfin, elle offre aux peuples indigènes une certaine autodétermination vis-à-vis de leurs terres.

Pour autant, cette carte ne mentionne pas toutes les informations importantes pour le peuple Saramaca. Adjako a expliqué que la carte n'indique pas les cimetières sacrés par exemple, pas plus qu'elle ne situe les réserves aurifères, a précisé Linga.

Cette dernière a expliqué que le peuple Saramaca souhaite que cette carte puisse être utilisée par les personnes et les entités intéressées par la région, et qu'il valait donc mieux ne pas divulguer des informations aussi sensibles. Rambaldi a précisé qu'aux Philippines, certains peuples indigènes qui avaient révélé toutes les informations les concernant sur leur carte en 3D ont été victimes de voleurs et d'individus mal intentionnés. « Il est important de faire un choix quant aux informations qui seront rendues publiques », déclare-t-il.


Auteur : Jewel Fraser

Sunday, September 21, 2014

Les forêts des Saramaca : les cours d'eau au coeur d'un exercice de modélisation participative en trois dimensions le long du Haut Suriname

JAW JAW, SURINAME, le 6 septembre 2014. Depuis Atjoni (Suriname), il faut 40 minutes en pirogue à moteur pour atteindre Jaw Jaw, village parsemé sur les rives du puissant fleuve Suriname. Environ 17 000 Afro-Surinamais, membres de la tribu des Saramaca, vivent dans cette région. Leurs moyens de subsistance sont la culture itinérante, la pêche, la chasse, la récolte de produits sylvicoles, les services de transport fluvial, les programmes d'emploi du secteur public et les aides envoyées par des proches.

Pendant 10 jours, une centaine de représentants de 14 villages (totalisant environ 5 000 habitants) situés le long du fleuve Suriname, en aval du village de Lespansi, ont participé à l'assemblage d'une impressionnante maquette, à l'échelle 1:15 000, d'une zone couvrant environ 2 160 km2. Des jeunes (principalement des filles) du village de Jaw Jaw ont assemblé la maquette vierge d'après les conseils de représentants de Tropenbos International Suriname et du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA). Des hommes et des femmes saramaca de tous les âges ont complété cette maquette avec 38 types de repères qu'ils estiment utiles à leur orientation, leur subsistance et leur culture.

Avec l'autorisation libre, préalable et éclairée des représentants des villages, les ensembles de données ont été archivés sous forme de photographies numériques haute résolution, qui seront importées dans un environnement SIG de confiance par Tropenbos.

Lors de l'ajout des repères à la maquette, il est apparu qu'en l'absence de caractéristiques géographiques visibles comme des collines ou des montagnes (la zone est relativement plate), les Saramaca utilisent les cours d'eaux pour s'orienter sur la carte. C'est pourquoi ils ont commencé par obtenir un consensus sur l'emplacement et le nom de tous les cours d'eaux des zones concernées. Ils ont ainsi identifié cinq types de cours d'eau, qu'ils distinguent selon leur largeur, leur caractère navigable et leur accessibilité saisonnière par bateau.

Le samedi 6 septembre 2014, des représentants des villages ont présenté leur travail à des représentants d'agences gouvernementales (le Ministère du développement régional, le Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la chasse, la Commission sur l'exploitation aurifère au Suriname [OGS] et la Fondation pour la gestion et le contrôle de la production des forêts [SBB]), du CTA, de la Fondation pour le développement de l'arrière-pays (FOB), d'organisations non gouvernementales (WWF-Guianas, Tropenbos International Suriname, Amazon Conservation Team [ACT], l'Association des chefs de villages indigènes du Suriname [VIDS]), d'organisations locales (Wan Mama Pikin et l'Association des autorités saramaca [VSG]), du secteur privé (les propriétaires de gîtes du Haut Suriname [LBS]) ainsi que des médias nationaux (DWT et Surinaamse Televisie Stichting [STVS]).

Les représentants des villages ont présenté la maquette et expliqué le processus de définition, d'affinement et d'actualisation de sa légende, tout en décrivant les débats animés qui ont conduit à l'installation des repères sur la maquette vierge. Non sans fierté, ils ont indiqué que le modèle sera exposé dans l'un des villages facilement accessible depuis l'extérieur, afin de faciliter les processus de négotiation et de planification. Aux yeux des villageois, la maquette est désormais un outil qui leur permettra de planifier leur propre développement et favorisera les interactions avec les promoteurs, les investisseurs et les décideurs.

M. Erwin Fonkel, chef du village de Jaw Jaw, a rappelé un point essentiel lors de l'entretien qu'il a accordé à STVS TV : « Cet exercice de cartographie me semble essentiel : par le passé, nous nous étions essayés à la cartographie mais en omettant de nombreuses informations. Nous avons élaboré nous-mêmes cette maquette, et avons davantage fait entendre notre voix lors de la définition de son contenu. Auparavant, les cartes omettaient de nombreux lieux primordiaux, des rivières, des lieux où trouver des ressources et générer des revenus. »

Le programme de paysagisme productif de Tropenbos International Suriname et la Stratégie de renforcement des compétences pour la planification de l'aménagement territorial au Suriname de WWF Guianas utilisera la maquette pour impliquer les parties prenantes dans l'élaboration de scénarios d'aménagement territorial et procéder à des évaluations participatives des services écologiques. Comme l'avaient prévu plusieurs chefs locaux, la maquette, désormais confiée au peuple saramaca, sera utilisée pour formuler des propositions d'investissements en matière d'infrastructures locales et de développement durable, par exemple pour des raccordements électriques et du tourisme vert.



Remarque : cette activité s'est déroulée dans le cadre du projet « Modéliser les compromis entre les scénarios d'aménagement territorial et les services écologiques dans la région du Haut Suriname ». La composante participative de la cartographie avait pour vocation d'autonomiser les villages afin de faire entendre leur voix et leur donner un rôle actif, autant dans la gestion de leurs terres et de leurs ressources naturelles que dans les processus de prise de décision dont ils dépendent.

Read the English version

Friday, May 23, 2014

Dialogue à trois sur le changement climatique

Le Paysan, Le Décideur, Le Chercheur Et La Cartographie Participative En Trois Dimensions 

Dans les nombreuses gares routières de Ndjaména, la capitale du Tchad, chaque voyageur, venu de l’intérieur du pays avec son balluchon de soucis, sait où trouver une oreille attentive. Les pas de Aladji Ibrahim le conduisent chez Hindou Oumarou Ibrahim, la coordonnatrice d’AFPAT, une organisation de défense des droits des éleveurs peul bororos. Ainsi commence une histoire d’hommes, d’animaux, d’espace et de droits humains avec au centre un étrange personnage : une maquette en trois dimensions. Cet outil, trônant dans un local administratif à Baïbokoum, à près de 600 km de Ndjaména, se révèle un moyen inattendu pour favoriser le dialogue entre paysans, autorités locales, hommes de science et pouvoirs publics nationaux, tous préoccupés par le changement climatique, la diminution des conflits agriculteurs éleveurs, l’aménagement du territoire, la promotion des droits humains…


Dialogue à trois sur le changement climatique.

Ce documentaire boucle une trilogie de films, réalisés en trois temps.

Novembre 2011 :  IPACC et AFPAT co organisent, avec le soutien du Centre de coopération technique et agricole, le CTA, un atelier sur le pastoralisme, la connaissance traditionnelle, la météorologie et l’élaboration de politiques d’adaptation au changement climatique. La gouvernance climatique est au cœur des débats, avec autour de la table, des éleveurs autochtones d’Afrique du sud, du Kenya, de Namibie, du Niger et des météorologues, des ministres ainsi que des représentants d’organisations internationales. Il en ressort une déclaration dite de Ndjaména, qui acte l’urgence d’impliquer les couches vulnérables dans l’élaboration des politiques d’atténuation du changement climatique. L’utilisation d’approches participatives et d’outils de représentation de l’espace utilisables à l’échelle communautaire est recommandée.


Brousse de tous les dangers, carte de tous les espoirs.

Juillet – août 2012. L’atelier de Baïbokoum sur la cartographie participative en trois dimensions, avec comme thématique la prévention et la gestion des conflits agriculteurs et éleveurs, matérialise la recommandation de Ndjaména. La combinaison des savoirs des communautés autochtones et les compétences des facilitateurs expérimentés à aboutie à la réalisation d’une maquette en trois dimensions représentant en détail une superficie de 720 km2 à l’échelle de 1 : 10, 000.


Gouvernance climatique: Une question de survie pour les éleveurs nomades.

Un an après que devient la maquette, fruit de ce dialogue multi acteurs ? Le troisième documentaire (Le Paysan, Le Décideur, Le Chercheur Et La Cartographie Participative En Trois Dimensions) répond à cette question. Il raconte le voyage qu’entreprend Hindou Oumaraou Ibrahim à Baïbokoum. Sur place, elle découvre des éleveurs, des autorités à cran. Ils voudraient vulgariser la maquette auprès des agriculteurs, de la chefferie traditionnelle et dans les programmes locaux de développement. Mais ils sont démunis techniquement et financièrement. Leur cri du cœur remonte à Ndjaména, porté par l’infatigable avocate de la cause des éleveurs Peul bororos : Hindou Oumarou Ibrahim.